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African Parks a organisé, vendredi 25 août 2023, un panel scientifique sur les parcs nationaux du Bénin et la recherche scientifique avec des experts du domaine à l’Université d’Abomey-Calavi. C’est dans le cadre de l’initiative ‘’La nuit des Parcs Nationaux’’, soutenue par le ministère du cadre de vie et des transports en charge du développement durable.
« Parcs nationaux du Bénin et recherche scientifique : Quelle dynamique face aux enjeux réels de développement ? », c’est le thème du panel scientifique initié par African Parks et ayant réuni les universitaires et les acteurs de conservation de la biodiversité.
Trois experts ont analysé le sujet et identifié des pistes de réflexions sur des actions scientifiques innovantes au profit de la conservation de la biodiversité. Selon l’ancien recteur de l’Université d’Abomey-Calavi, Professeur Brice Sinsin, le premier document sur les aires protégées a été écrit en 1962 après le départ des colons. « Les données permettaient de connaître pour la première fois, les parcs nationaux du Dahomey », informe-t-il. Après, poursuit le professeur Brice Sinsin, il y a eu en 1969 un document qui présente la nature et la faune au Dahomey. Des experts sous l’égide des organisations ont aussi produit des rapports sur le sujet. « La vraie recherche avec des hypothèses et des objectifs scientifiques date de la coopération belge. On a commencé à avoir un intérêt scientifique porté sur les parcs nationaux de façon prioritaire mais également sur les forêts classées », a indiqué le directeur du Laboratoire d’Ecologie Appliquée (LEA).
A l’en croire, la ferveur pour la recherche scientifique est née de la création du laboratoire d’Ecologie Appliquée en 1994. Elle a permis le renforcement des capacités à travers la formation, la recherche fondamentale et la recherche appliquée pour le développement. « Tout cela a généré des données nous permettant de pondre ce qu’il fallait asseoir comme outils mais aussi comme matériels de collecte de données. C’est grâce au dénombrement de la faune dans les aires protégées que le nom du Bénin est rentré dans les premiers GPS avec des indications claires à l’époque », a notifié le Professeur Brice Sinsin. S’agissant des domaines de recherche scientifique en lien avec les aires protégées, l’expert cite entre autres l’éthologie (étude du comportement des espèces animales y compris l’humain, dans leur milieu naturel ou dans un environnement expérimental), la végétation et l’habitat, les questions d’économies locales, le développement de nouvelles filières etc.
Pour Dr El-Hadj Issa Azizou, ex-ministre de l’Agriculture et ex-directeur général des eaux et forêts, il y a une osmose entre les universités du Bénin et les structures qui gèrent les parcs nationaux. « La recherche n’a jamais été loin des structures de gestion des parcs nationaux. Avec les interrogations de l’Université ou des structures de recherche, des étudiants étaient envoyés sur le terrain et c’est comme ça que nous pouvons en tant que gestionnaire utiliser un certain nombre de résultats. On a eu suffisamment d’études », a affirmé l’ex-Directeur du Parc national W-Bénin.
L’Approche de l’ONG internationale African Parks
La gestion des parcs Pendjari et W-Bénin a été confiée à l’ONG internationale African Parks respectivement en 2017 et 2020. Depuis des années, African Parks met en œuvre son approche en matière d’intégration de la recherche dans la gestion des parcs. « Nous avons une forte capacité d’observation au quotidien des tendances dans les aires protégées. Quand on sait que la plupart des grandes hypothèses de recherche partent de l’observation, ça offre une multitude de questionnements importants qui interpellent la science », a déclaré Hugues Akpona, Directeur Régional Afrique de l’Ouest d’African Parks. Il évoque notamment, la surveillance et le suivi, l’évaluation et l’adaptation. « La recherche viendra répondre à ces questions clés qui aideront le gestionnaire à pouvoir lever un coin du voile sur des problématiques importantes », explique le panéliste. La surveillance fait référence à un système de collecte de données dans les parcs avec une plateforme permettant d’intégrer des données qui une fois mise en ensemble pourraient constituer une base. En ce qui concerne l’évaluation, ajoute-t-il, nous nous investissons à évaluer véritablement si la chaine reste toujours pertinente. Se référant aux situations telles que le covid-19 et l’insécurité dans la sous-région, Hugues Akpona soutient que les aires protégées ont besoin de stratégies adaptatives afin de prédire les facteurs qui pourraient intervenir ou interférer dans leur gestion.
African Parks gère 22 aires protégées dans 12 pays couvrant plus de 20 millions d’hectares. Selon le directeur Régional Afrique de l’Ouest d’African Parks, l’Organisation fait de la conservation pour les communautés par les communautés. Sa stratégie repose sur trois piliers à savoir, la conservation de la biodiversité, le développement communautaire et la génération de revenus pour le parc. « Lorsque nous prenons la gestion d’une aire protégée, le principal partenaire a toujours été les membres de la communauté », a souligné le panéliste. Les populations riveraines sont associées à la prise de décisions. « Nous nous assurons qu’elles deviennent des communautés assez engagées mais aussi qu’elles puissent tirer des revenus ou des bénéfices directs ou indirects de la gestion de ces aires protégées », a ajouté Hugues Akpona.
Dans sa stratégie pour la conservation, African Parks mène aussi des actions pour la promotion des espèces rares présentes dans ces parcs. Il s’agit entre autres des inventaires périodiques des espèces, la pose de colliers pour le suivi des espèces animales notamment les grands mammifères et les grands carnivores, l’identification des menaces contre la faune, et le partage des connaissances afin d’éclairer les prises de décisions etc.
Des défis à relever
Le professeur Brice Sinsin s’est aussi prononcé sur les mécanismes pour faciliter une collaboration entre les universités et les parcs nationaux en termes de recherche. « Les parcs nationaux, c’est avant tout des outils d’éducation environnementale », a déclaré l’expert. Il faut selon l’ancien recteur de l’UAC, des accords ou contrats de collaboration et des projets qui permettent une meilleure collaboration entre les gestionnaires et les institutions de recherche.
Pour une meilleure collaboration entre les parcs nationaux du Bénin et la recherche, le professeur Brice Sinsin note des défis liés à la sécurité, au financement durable des aires protégées et à la gestion efficace de la transhumance.
En vue d’une meilleure efficacité de la recherche sur les aires protégées, l’ex-directeur général des eaux et forêts, Dr El-Hadj Issa Azizou, souhaite une approche intégrée à travers des initiatives multidisciplinaires impliquant toutes les compétences nécessaires pour la prise en compte de toutes les composantes en matière de recherche scientifique sur les aires protégées afin de les faire profiter pleinement à l’homme. « Il faut qu’on essaie de recentrer les choses… Toutes les études déjà faites, tout ce qui va venir, quel est l’intérêt de chaque thème ou de chaque groupe de thématiques pour l’homme ? ». La réponse à cette question devrait guider dans toutes les décisions, a-t-il recommandé.
A cela s’ajoutent la constitution de bases de données découlant des travaux de recherche, la mise en place d’un Conseil scientifique permanent, l’implication des acteurs politiques à travers la création d’un Conseil d’orientation ou de validation, l’harmonisation des pratiques de gestion des aires protégées avec les lois au niveau national et international.
Le Directeur Régional Afrique de l’Ouest d’African Parks Hugues Akpona a souligné la nécessité d’établir des modèles de gestion et de mettre en œuvre les stratégies appropriées pour s’adapter à l’évolution des aires protégées et sauvegarder les ressources naturelles.
Le panel scientifique s’inscrit dans le cadre de la série d’activités de l’initiative ‘’La Nuit des Parcs Nationaux ‘’ d’African Parks. Il a été modéré par Cécile Goudou Kpangon, journaliste, spécialiste des questions de l’Environnement.
Akpédjé Ayosso
A propos de ‘’La Nuit des Parcs Nationaux’’
La Nuit des Parcs Nationaux est une initiative d’African Parks qui vise à mettre en lumière les grandes avancées en matière de conservation des parcs nationaux de la Pendjari et du W-Bénin, (réserves de la biodiversité situées dans le nord du Bénin et partagées avec le Burkina Faso et le Niger). L’objectif est également d’amener les Béninois à renouer les liens avec leur patrimoine naturel. Soutenue par le Ministre du Cadre de vie et des transports en charge du développement durable, la Nuit des Parcs Nationaux a été lancée le 25 juillet 2023. Téléthon, séjour-découverte dans les parcs de la Pendjari et du W-Bénin ; sessions témoignages ; fitness, séances de Don de sang ; soirée de Gala sont entre autres, les activités prévues dans le cadre de l’initiative. Les fonds collectés serviront au financement des activités de conservation et d’appui au développement communautaire. Pour plus d’informations, cliquez sur le lien : www.lanuitdesparcsnationaux.com.
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel