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Ministre, responsable patronal, représentants d’entrepreneurs… chacun l’a exprimé à sa manière, mais les participants de la table ronde du Forum Cian-L’Opinion 2024 dédiée aux « Enjeux de la francophonie économique » ont tous témoigné de leur vision d’avenir positive : en Afrique, la Francophonie économique se déploie avec « une véritable dynamique »
Par Bruno FANUCCHI
pour AfricaPresse.Paris (APP) @africa_presse
Invité vedette de la première table-ronde du Forum organisé mardi 23 avril par le CIAN et l’Opinion au Novotel Tour Eiffel, le ministre Franck Riester, était absent... Car en réalité, il se trouvait, à Osaka (Japon) pour donner le premier coup de pioche du Pavillon France de l’Exposition universelle qui se déroulera dans cette ville l’an prochain. Le ministre délégué chargé du Commerce extérieur, de l’Attractivité, de la Francophonie et des Français de l’étranger avait cependant pris soin d’enregistrer un message vidéo pour participer tout de même à l’événement et à ce panel consacré aux « Enjeux de la francophonie économique » pour encourager les investisseurs français à s’intéresser plus que jamais à l’Afrique.
La réalité des chiffres contre un pessimisme infondé
« La présence économique française en Afrique est solide. Face aux discours bien trop souvent défaitistes qui laissent penser que la France serait chassée d’Afrique, les chiffres viennent rétablir la vérité et montrer qu’une véritable dynamique est en cours depuis dix ans », souligne le ministre qui donne quelques exemples à l’appui de son propos.
« Le nombre de filiales françaises en Afrique subsaharienne a doublé et représente la moitié des filiales européennes sur le Continent » et « le stock des investissements directs français en Afrique, il a quasiment triplé entre 2010 et 2022 ».
Se disant « convaincu que nous pouvons renforcer la francophonie par les liens économiques », le ministre observe que si « l’anglais est une grande langue des affaires, bien sûr, le français doit l’être aussi ». Et l’Afrique francophone est là, en pleine croissance démographique. « Nous serons plus de 700 millions de locuteurs francophones dans le monde en 2070, dont bien sûr une majorité en Afrique », rappelle ainsi le ministre.
« Cette formidable expansion démographique et économique constitue une formidable opportunité pour les entreprises de tous les pays francophones », ajoute-t-il en donnant quelques pistes pour « améliorer l’adéquation entre les cursus universitaires et les attentes du marché de l’emploi ».
Avec l’accueil des Jeux Olympiques et paralympiques cet été et le Sommet de la Francophonie à l’automne, poursuit-il, « l’année 2024 doit favoriser l’émergence de nouvelles relations commerciales entre le France et le reste de l’espace francophone ».
Le Sommet de la Francophonie, qui se déroulera les 4 et 5 octobre prochain à Villers-Cotterêts, aura d’ailleurs pour thème : « Créer, innover et entreprendre en français ». Tout un programme ! Et un grand Forum économique FrancoTech, qui « mettra en valeur les innovations en français et réunira les entrepreneurs francophones » se tiendra en parallèle à la station F, à Paris.
« L’Afrique marche bien, les entreprises françaises doivent continuer d’y investir »
« L’Afrique marche bien et le continent est sans aucun doute l’avenir de notre planète », avait rappelé d’emblée Étienne Giros, le Président du Cian, en ouverture des travaux de ce Forum, en soulignant sa conviction que « les entreprises, et notamment les entreprises françaises, doivent continuer à investir » en Afrique « où il y a beaucoup d’innovations, beaucoup de développement, beaucoup de partenariats à faire... ».
Aujourd’hui Président de l’Alliance des Patronats francophones, créé il y a trois ans seulement, Geoffroy Roux de Bezieux, ancien Président du Medef, souligne quant à lui que « les entreprises et l’économie ont un rôle à jouer » pour ne pas se décourager face aux graves crises internationales qui bousculent la marche du monde. Car, explique-t-il, « on peut parfois constater, sans être naïfs, qu’avec certains pays il y a parfois des tensions politiques et pour autant le commerce et les investissements continuent à prospérer (…) Pendant que les politiques se chamaillent, les entrepreneurs continuent à échanger ». C’est sans doute ce que l’on pourrait appeler le réalisme des affaires.
« La francophonie économique, c’est une autre manière de créer du lien », reprend-t-il en soulignant l’importance de la langue « qui fait gagner du temps, simplifie les échanges, permet d’avoir un droit commun et un internet commun, etc ». Le français est donc « une manière de faire des affaires ensemble ».
Avant de conclure : « C’est vrai qu’il y a parfois des soubresauts et que c’est dur de faire des affaires, mais la tendance de fond, c’est qu’en Afrique la démographie va porter clairement l’économie » dans les années venir. La grande dimension économique qui sera donnée au prochain Sommet de la Francophonie avec le concours de Business France va changer la donne, se réjouit-il, avec cette formule cash : « On quitte la vieille francophonie culturelle et diplomatique et on va vers une francophonie moderne, tournée vers les jeunes et surtout très entrepreneuriale ».
« L’Afrique est un continent d’opportunités économiques »
Présidente de l’Economic Development Board, la malgache Lantosoa Rakotamalala enchaîne en soulignant à son tour que « l’Afrique est un continent d’opportunités économiques » puisque quelque 5 000 entreprises françaises y sont déjà présentes et insistant sur « le rôle clé des agences de promotion des investissements dans la stabilité du climat des affaires en général ».
Il existe d’ailleurs « un réseau international francophone » de ces agences, dont Business France fait partie et que préside actuellement la RD Congo. « Son rôle, précise-t-elle encore, est de traiter, promouvoir, faciliter et attirer les investissements ».
Et pour que tout cela soit vraiment efficace, il est bien entendu nécessaire d’avoir « un bon dialogue entre l’État et le secteur privé » et d’ouvrir – comme à Madagascar – à l’intention des investisseurs « un guichet unique » qui concentre les services de sept ministères clés pour faciliter la création d’entreprise, la demande de permis de travail et demande de visa pour les étrangers, sans oublier tout ce qui est agrément et licence.
« Il faut que l’État comprenne ce que sont les dynamiques des investissements, mais il faut aussi que les investisseurs comprennent quelles sont les contraintes du gouvernement en général. Cette plateforme est donc parfaitement institutionnalisée. C’est la force des API (Agences de promotion des investissements) de pouvoir ramener tout le monde autour de la table et de rappeler les défis et contraintes des investisseurs ».
« Aujourd’hui, conclut-elle, Madagascar est un grand hub pour l’industrie textile, l’agro-industrie, le tourisme, les énergies renouvelables et les mines bien évidemment qui sont une richesse pour le pays ».
« À l’image de la Guinée, l’ Afrique va se développer de manière inéluctable »
Dernier intervenant de ce premier panel de grande qualité, le Franco-Guinéen Fadi Wazni est le patron du groupe UMS (United Mining Supply), leader du transport et de la logistique en Guinée et dans la sous-région. Grâce à lui et au consortium conclu avec un partenaire asiatique, la Guinée est devenue le premier producteur et exportateur mondial de bauxite. Un beau succès qui ne demande qu’à être encore transformé.
« Par la prise de contrôle de la société Alteo à Gardanne, près de Marseille, explique-t-il, nous allons implanter une raffinerie en Guinée, ce qui est très important car c’est la transformation de la matière première sur place, avec un transfert de compétences et surtout – c’est là que le projet est très intéressant - la formation de 400 ingénieurs et techniciens guinéens ».
Le groupe UMS, dont il est le PDG, s’intéresse à la production, à la logistique, au transport avec deux ports, un chemin de fer, 4 milliards de dollars d’investissements, 58 millions de tonnes exportées vers la Chine et premier exportateur mondial de bauxite. « Ce sont des chiffres assez éloquents », se contente-t-il d’observer, en ajoutant que « tout cela devait arriver puisque la Guinée est le pays qui possède la plus grande ressource de bauxite au monde, vraisemblablement plus de la moitié. Il est donc normal que la Guinée devienne un acteur majeur en matière de bauxite et il sera normal – je le dis au futur – que la Guinée devienne un acteur de toute la filière aluminium. C’est le sens de l’histoire. Nous sommes très contents d’en être les pionniers, mais l’Afrique va se développer de manière inéluctable, et la Guinée aussi ».
Et Fadi Wazni de conclure en rappelant à tous cette évidence qui fait plaisir à entendre : « Chez nous, en Guinée, la formation est dispensée en français car la francophonie est vraiment au cœur de ce projet. C’est un moyen aussi de lever les malentendus pouvant parfois exister entre la France et l’Afrique ». Une leçon de choses bien utile à retenir pour les entrepreneurs français voulant investir en Afrique.
Si les investisseurs restent à l’écoute des populations locales et dans le respect des us et coutumes de ces différents pays, la Francophonie économique a encore assurément de beaux jours devant elle et un boulevard en Afrique !
Source : https://www.africapresse.paris/Au-Forum-CIAN-L-Opinion-Consensus-autour-du-bel-avenir-annonce-a-la
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