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Les 4 et 5 mai 2012, une expédition de destruction a été lancée sur la cité historique de Xwlakoji. Encadrés par une horde de forces armées, de véritables vandales, deux Caterpillars ont foncé sans ménagement et détruit tout sur leur passage. De nombreuses habitations ainsi que cinq couvents vaudoun sont détruits. Les populations résidentes sont rejetées à la rue en pleine saison de pluie, sans aucune solution de relogement. La scolarité d’environs 4 000 (quatre mille) enfants s’en trouve perturbée et l’année scolaire hypothéquée. Ainsi le pouvoir de Yayi Boni est prêt à tout pour détruire les hommes de ce pays, leurs habitations et biens, allant jusqu’à la profanation des temples des religions traditionnelles.
C’est sur la base d’un communiqué conjoint du Ministère de l’Environnement et de la Municipalité de Cotonou daté de février 2012 que l’opération a été engagée. Le Ministre de l’Environnement Ahanhanzo Glèlè Blaise a pris la tête de l’expédition et s’est heurté violemment au CA (Chef d’Arrondissement) du 5ème Arrondissement. Les deux hommes faillirent en venir aux mains. Interpelé, le Maire de Cotonou Nicéphore SOGLO se répand en confusion. Son adjoint et fils qui assure en fait l’administration de la Mairie se cache. Nicéphore SOGLO dit qu’il n’est pas au courant.
Confondu par le communiqué signé de ses mains le 3 février et donnant un ultimatum pour le 29 février 2012, il répond qu’il n’a signé que pour le déguerpissement des berges. Mais quelles dispositions a-t-il prises, lui et son CA du 5ème arrondissement pour délimiter la zone à déguerpir et pour l’information des populations ? Ce spectacle cache mal des préoccupations électoralistes pour le contrôle de la Mairie de Cotonou. Aujourd’hui on est en face de deux camps :
– les partisans du maintien de la cité historique de Xwlakoji avec les aménagements et assainissements nécessaires, notamment des berges.
– les partisans de la destruction de la cité au profit des opérateurs économiques, étrangers notamment, et de la spéculation immobilière (Bolloré, Hôteliers et autres). C’est manifestement le but de Yayi Boni et ses hommes même s’ils n’ont pas le courage de l’annoncer clairement. Le Maire de Cotonou joue et se camoufle mais n’est pas vraiment opposé, lui et son Ministre Ahanhanzo Glèlè à cette solution. On sait que Yayi Boni a promis aux opérateurs économiques lors de l’inauguration de l’Hôtel de la Plage qu’il ferait dégager et nettoyer cet environnement. Il doit savoir que, raser Xwlakoji relève d’un projet attentatoire à la cohésion sociale en mettant gravement en cause les intérêts matériels et moraux de communautés entières sans leur offrir de solutions crédibles en échange.
Cette entreprise de destruction se fait aux motifs d’occupation illégale de domaine public et on se permet de qualifier ces populations de « Squatters » Ceci est inadmissible au regard de l’histoire du peuplement de Cotonou. En effet les Xwla et Xwela en constituent l’une des premières communautés. Les origines remontent aux années 1891 avec l’implantation du Wharf, ancêtre du Port actuel. L’identité de ce quartier de Cotonou ne s’est jamais démentie et constitue le berceau de générations entières de XWLA et XWELA. Les Associations comme NONVITCHA et NONVIZAN en sont des représentants bien connus.
L’autre raison invoquée se réfère aux injonctions des puissances étrangères de non-conformité aux normes hygiéniques des crevettes béninoises à l’exportation.
Il est regrettable que ce soient les exigences étrangères qui fassent courir nos dirigeants. Pourtant la nécessité d’assurer un environnement sain pour la production des biens de consommation devrait être une préoccupation des dirigeants responsables pour la bonne santé de la population. L’aménagement des berges lagunaires, l’assainissement et la protection de l’environnement s’imposaient depuis longtemps et devrait se faire en concertation avec les délégués des populations.
Nous appelons les habitants de Xwlakoji et notamment la jeunesse à se mobiliser, à s’organiser en Comité de défense de leur cité et exiger des pouvoirs publics :
– l’abandon par YAYI BONI de son projet de destruction de Xwlakoji ;
– la délimitation raisonnable des berges lagunaires avec construction de latrines publiques, un plan d’assainissement et autres activités de protection de l’environnement susceptibles de limiter la pollution.
– la construction de digues de protection pour gagner sur la mer et stopper l’érosion côtière ;
– la reconstruction des habitations indûment détruites ;
– la prise en charge de la reconstitution des couvents détruits ;
– l’exigence de participer aux délégations qui négocient avec les pouvoirs publics avec compte rendu après chaque rencontre à toute la population qui est plus que toutes autres structures, compétente pour fixer les revendications, apprécier les résultats et adapter ses exigences en fonction de l’évolution des négociations. C’est la seule garantie de résister à la corruption qui gangrène tout et qui risque de dévoyer la lutte.
– le rejet ferme de la qualification infamante de « squatter » dont on se permet d’affubler les populations de Xwlakoji et la réaffirmation de la préservation ce patrimoine.
Par ailleurs, nous invitons les cadres XWLA et XWELA à sortir de leur torpeur, à abandonner toute position de lâcheté pour contribuer à trouver des solutions conformes aux intérêts des populations. Il faut rejeter les appels puérils au calme, à la résignation, les appels à se confier à Dieu le père pour s’engager fermement et résolument dans la lutte pour la défense de Xwlakoji, ce berceau identitaire des XWLA et XWELA.
Cotonou, le 31 mai 2012.
Le Comité de défense de XWLAKOJI.