La guerre chirurgicale annoncée pour détruire les tunnels et les roquettes artisanales du Hamas est devenue une guerre de dissection des Gazaouis. Mille deux-cents morts en trois semaines, et les « grandes puissances » trouvent qu’Israël est toujours en position de légitime défense. Nous ne parlons pas de victimes militaires. Nous parlons de femmes enceintes, des nourrissons, des enfants, des personnes âgées, les personnes les plus vulnérables pour lesquelles l’Occident accorde le plus grand soin. En prenant faits et cause pour Israël, l’Occident a choisi de rester du côté de ceux qui font l’histoire. Or dans une crise aussi meurtrière, en tant que peuple civilisé, son rôle est de rester aux côtés de ceux qui subissent l’histoire. Et ceux-là, ce sont les victimes innocentes.

Il est vrai que la Palestine est loin, bien loin de nos conforts. Il est donc facile de s’asseoir groggy devant nos postes téléviseurs et de dire Israël doit se défendre. Mais jusqu’où l’occident va-t-il apporter un soutien aveugle à une guerre bancale ? Jusqu’à la disparition de la bande de Gaza à ma compréhension ? S’il en est ainsi, pourquoi le Canada, les États-Unis ou la France n’envoient-t-ils pas des renforts militaires ou des drones pour abréger la souffrance de ce peuple ? A quoi sert-il d’amputer un bébé aujourd’hui si deux jours après, une bombe viendra le pulvériser ? Combien de femmes enceintes éventrées par des missiles, faudrait-il pour rappeler au monde occidental son rôle d’artisan de paix ? Ou existe-t-il un quota de morts pour remuer leurs méninges ou toucher leur sensibilité ?

Il vrai que le Hamas joue au martyr, en installant ses roquettes artisanales dans les cours d’école, sur les toits des maisons habitées ou des hôpitaux. Mais si les grandes nations ne peuvent trouver une solution autre que de faire de Gaza une bouillie de sang humain, leur civilisation perd tout son sens. Le Hamas n’est ni un État, ni une organisation structurée contre qui il faut déclarer la guerre. Il s’agit avant tout d’un groupuscule qui a pris son propre peuple en otage. Mais faut-il punir la population de Gaza pour une faute qu’elle n’a pas commise ?

Le feu allumé en Libye par l’Occident continue de brûler dans l’indifférence totale. La démocratie emballée qu’on voulait vendre aux Libyens en assassinant le dictateur est morte dans l’œuf. L’occident dénonce, que la Russie arme des rebelles pour déstabiliser l’Ukraine et dans le même temps il encourage Israël à faire des Gazaouis des méchouis ou de Gaza un bourbier. Obama joue les médiateurs le jour et livre des milliards à Israël la nuit. L’Occident va-t-il assister passivement à un autre génocide ?

La responsabilité d’alliés d’Israël, n’absout pas l’Occident du rôle qu’il a toujours joué en tant que grandes nations ayant une longue et riche histoire. Si le navire Gaza sombre dans la mer morte, il ne sera pas exempt de reproches. Des générations futures demanderont des comptes. A l’heure du bilan, on vous demandera, qu’avez-vous fait, en tant que leaders de grands pays comme le Canada, la France ou les États Unis pour que le monde ne panse plus une autre plaie, celle de la barbarie humaine, de l’intolérance, de l’injustice. Si vous ne faites rien, les échos des pleurs de ces enfants gazaouis qui résonnent déjà en boucle dans le désert du Sinaï s’amplifieront et hanteront vos nuits pour toujours. Si à cause de votre silence, des mères à Gaza fêtent l’anniversaire de leurs enfants sur leurs tombes, plutôt que dans leurs foyers, votre illusion de pays de paix s’effritera de plus en plus. Tant que les enfants de Gaza ne pourront pas jouer dans la cour de leur école, dans les rues de leur quartier, la sécurité des enfants en Occident est un leurre.

Personne ne minimise les pertes humaines du côté israélien. Israël a le droit absolu de se défendre, de protéger sa population contre les extrémistes ou terroristes du Hamas. Mais ceux qu’on nous montre à la télé en pièces détachées sont loin d’être le portrait idéal d’un terroriste.

Jules Djossou

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