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Les sondages politiques ne servent pas seulement à montrer quel candidat bénéficie du plus grand soutien.
Ils permettent aussi de décoder « l’intensité de préférence » des électeurs pour les candidats, les catégories de personnes qui soutiennent tel ou tel candidat, et le type d’électeurs susceptibles de se déplacer le jour du scrutin, à savoir le 5 novembre en ce qui concerne la prochaine élection présidentielle américaine.
À chaque élection, les politiciens, les médias et les groupes de recherche dépensent de l’argent pour réaliser des sondages d’opinion et déterminer les intentions de vote des électeurs.
Certains sondages sont rendus publics, tandis que d’autres — en particulier ceux qui sont payés par les partis politiques ou les candidats — restent confidentiels. Selon Barbara Norrander, professeure émérite à la School of Government and Public Policy de l’université de l’Arizona, les équipes de campagnes se basent sur les résultats des sondages pour déterminer quels messages sont bien perçus par les électeurs, quels types de personnes sont favorables à un candidat et quels électeurs peuvent être convaincus de soutenir un candidat.
Les Américains accordent peut-être une importance démesurée aux sondages, estime John Zogby, enquêteur d’opinion et fondateur du groupe John Zogby Strategies. « Si vous vous attendez à ce que les sondages disent : “Tel candidat va l’emporter avec 0,1 point de pourcentage”, vous serez déçu », ironise-t-il.
John Zogby s’est lancé dans le secteur des sondages en 1984, à l’époque où la plupart des familles avaient un téléphone fixe et répondaient aux appels. En fait, 65 % des électeurs participaient très volontiers aux enquêtes d’opinion. Aujourd’hui, il serait malavisé de ne compter que sur les sondages téléphoniques, de nombreuses familles n’ayant pas de ligne fixe ou ignorant les appels venant de téléphones portables inconnus. La majorité des personnes interrogées répondent sur internet après avoir reçu une invitation par courrier électronique ou par SMS.
« Ces changements se produisent, et ils se produisent rapidement », explique M. Zogby à propos de l’évolution de la technologie et des coutumes de la société.
L’opinion est plus difficile à mesurer à notre époque, et aux États-Unis encore plus que dans les autres pays, affirme Donald Green, professeur de sciences politiques à l’université Columbia. Sur sept personnes invitées à participer à une enquête, une seulement accepte.
L’objectif est d’obtenir un échantillon représentatif des personnes susceptibles de se présenter le jour du scrutin. « C’est là que le sondage devient un art », considère M. Zogby.
Quand elle choisit les noms des personnes à sonder, la société Zogby veille à ce que ce soit des gens qui reflètent l’ensemble des électeurs sur le plan géographique et qui sont représentatifs d’autres mesures démographiques, telles que l’origine raciale et le sexe. (Le fait que les jeunes électeurs ou les minorités soient moins susceptibles de participer peut être pris en compte).
Le sondage réalisé par Zogby lors de la course à la présidence de 2020 montrait que Joe Biden devançait le président sortant de l’époque, Donald Trump, de 5,6 points de pourcentage. Joe Biden a remporté le vote national avec 4,5 points de pourcentage, ce qui fait de la prédiction de Zogby l’une des plus proches du résultat.
Tous les sondages ne sont pas aussi justes, surtout lorsque 10 à 14 % des électeurs attendent le jour du scrutin pour décider pour qui voter. Et même les sondages qui sont exacts ne permettent pas toujours de savoir qui deviendra président.
Les complications à notre époque
Les sondages donnent un aperçu d’un moment précis dans le temps. Mais un fait d’actualité qui tombe juste après la fin d’une enquête d’opinion peut influencer les électeurs. (C’est ce qui s’est passé pendant la campagne présidentielle de 2016, fait remarquer Courtney Kennedy, directrice de la recherche par sondage au Pew Research Center.)
En outre, pour estimer qui sera élu, il convient d’examiner les sondages réalisés dans les États où les résultats s’annoncent serrés, et pas seulement les sondages nationaux, qui ne reflètent pas le système du collège électoral. (Aux États-Unis, les présidents sont choisis par les grands électeurs de chaque État, et non par le vote populaire national.)
Néanmoins, les sondages fournissent tout de même des informations utiles, souligne John Zogby, auteur de Beyond the Horse Race : How to Read Polls and Why We Should. Ils ont prouvé que les électeurs qui adorent ou détestent un candidat, par exemple, sont plus susceptibles de se déplacer le jour du scrutin. Les sondages réalisés fréquemment permettent de déceler une hausse ou une baisse du soutien à un candidat. Enfin, les sondages peuvent donner des indications aux rédacteurs de discours sur les sujets chers aux électeurs, ou « ceux qui fâchent », ajoute M. Zogby.
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