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À Cotonou, capitale économique du Bénin, les mécaniciens motocyclistes installés dans les rues à Cotonou se retrouvent désormais en difficulté. Ils sont confrontés à une rude concurrence de la société Mogu (Moto Maintenance à Guichet Unique), spécialisée dans la vente des pièces détachées et de la réparation de toutes marques de motos.
Les motocyclistes sont de plus en plus attirés par des services offerts par la société Mogu. Spécialisée dans la vente des pièces détachées et la réparation des motos, la société a multiplié en quelques années ces agences dans plusieurs quartiers de Cotonou. Les conducteurs de taxi-moto (appelés communément Zémidjans) qui dépendent de leurs motos pour leur subsistance sont les principaux clients de la société. Ils laissent les mécaniciens installés dans les rues de Cotonou pour s’offrir les services de la société en raison de la fiabilité et de la durabilité des réparations. « Quand tu viens avec ta moto ici, les mécaniciens détectent les pannes et tu achètes en même temps les pièces chez eux. Je ne paye plus rien pour la main d’œuvre », a confié Baudouin A, un conducteur de taxi-moto rencontré dans l’un des points de Mogu à Cotonou.
Son collègue Jean-Baptiste dit avoir opté pour la société Mogu en raison de la qualité des services. « Ma moto ne tombe plus comme ça en panne quand je fais une révision. Avec mon mécanicien du quartier, j’avais tout le temps des petits soucis de panne de moto », a-t-il affirmé.
« Les mécaniciens de rue nous grugent trop. Ils vont jusqu’à négocier les prix des pièces avec les vendeurs pour faire des bénéfices alors que tu dois encore payer main d’œuvre. Ici (Mogu, ndlr), tu achètes seulement les pièces et c’est fini. On cherche tous là où c’est mieux », a déclaré Luc T, un conducteur de taxi-moto.
La société Mogu dispose des équipements qui permettent de détecter les pannes et de gagner du temps dans la réparation de moto réduisant ainsi le temps d’attente des clients. Elle assure aussi la formation continue de son personnel notamment des mécaniciens. Ces derniers sont des jeunes ayant déjà appris le métier. « Je travaillais avec mon patron au quartier Védoko. Durant mes premiers mois à Mogu, j’ai été formé durant quelques semaines à l’utilisation des machines parce que je n’étais pas habitué à l’utilisation des machines ». Contrairement aux mécaniciens des rues limités par leurs équipements et leurs compétences, les agents de la société Mogu se différencient par leur professionnalisme. « Nous avons beaucoup de clients de toutes catégories », a confié une réceptionniste d’une agence Mogu à Cotonou. A l’en croire, la société a une vingtaine d’agences. Elle envisage bien poursuivre son expansion sur le territoire national.
L’affluence des motocyclistes vers les services des agences Mogu affecte directement les revenus de certains mécaniciens de rues. « J’ai deux apprentis qui font partie des premiers mécaniciens formés par la société. Nous n’avons pas tous des équipements comme eux mais nous avons toujours pu satisfaire nos clients. Comme là-bas, ils ne paient pas la main d’œuvre, les clients préfèrent aller là-bas. Je fais avec les clients que j’ai », a indiqué Norbert, mécanicien de rue à Fidjrossè.
« Nous sommes bien au courant de cette société. Je crois que le projet est porté par des chinois. Tous les mécaniciens ont été invités à une réunion. Moi je n’ai pas adhéré au projet. Je suis un ancien dans le domaine et j’ai déjà beaucoup de connaissances surtout avec les anciens modèles de moto. Les jeunes qu’ils sont recrutés sont des salariés », a indiqué Basile, mécanicien de rue.
Quant à Sylvain Togbè, il n’est pas seulement mécanicien de rue. Il s’est lancé dans d’autres business afin d’avoir plus de revenus. « C’est mon patron qui m’a laissé ce lieu depuis trois ans. J’ai toujours des clients mais ce sont surtout des anciens. On ne gagne plus comme avant », a-t-il ajouté. La menace qui pèse sur les mécaniciens de rues est belle et bien réelle. Avec la multiplication des agences Mogu, la disparition des mécaniciens de rues pourrait devenir une réalité inévitable.
Akpédjé Ayosso
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