1943 visiteurs en ce moment
Pour soutenir ses nouvelles ambitions de développement et d’attractivité, le Bénin a décidé de miser sur l’un de ses atouts restés encore sous-évalués : son riche patrimoine historique et culturel. Depuis, le pays multiplie les actes d’envergure. Le Festival international des Arts du Bénin, l’une des dernières initiatives en date, se veut la plateforme par excellence de rayonnement de l’ex-Dahomey.
09 novembre 2021, Palais de l’Elysée à Paris. Le président français, Emmanuel Macron et Patrice Talon, son homologue béninois, finalisent la restitution de 26 biens culturels emportés au 19ème siècle par les troupes coloniales françaises lors de la conquête du Royaume d’Abomey et gardés au musée du Quai Branly. L’acte, empreint de solennité, confirme surtout la volonté du pays ouest-africain, de remettre en lumière son patrimoine artistique et culturel.
Cette sensibilité à la chose culturelle, l’exécutif béninois n’en faisait déjà plus mystère, avec la conception de son plan de valorisation du patrimoine historique et culturel. Le projet, inscrit dans le cadre du Programme d’Action du gouvernement (PAG) sur la période 2016-2021 puis 2021-2026, visait à « révéler les atouts et le potentiel du Bénin », et faire du secteur de la culture, des arts, et du tourisme, « une filière source de développement économique ». Pour ceux qui en doutaient encore, c’est désormais limpide : pour devenir « l’une des destinations phares de l’Afrique de l’Ouest, voire au niveau international », le pays aux quelque 12 millions d’habitants, dépourvu de minerais et d’hydrocarbures mise sur son immense patrimoine culturel et son histoire.
Réhabilitation de Ouidah, résurrection du royaume d’Abomey, érection de monuments symboliques…
Un premier jalon est posé en 2016, avec la création d’une agence nationale de promotion des patrimoines et de développement du tourisme (ANPT), doté d’un portefeuille de 650 milliards FCFA.
De grands chantiers sont lancés dans la foulée, et portent notamment sur la réhabilitation de la ville historique de Ouidah, cité imprégnée du « binôme Culture Vaudou - Mémoire de l’esclavage » (d’après le géographe français Jean Rieucau), la restitution des œuvres du palais d’Abomey ou encore la construction de plusieurs statues gigantesques : l’Amazone, Bio Guera et l’Obélisque aux dévoués.
Les trois monuments, tous implantés à Cotonou et dévoilés le même jour, le 30 juillet dernier, par le chef de l’Etat Patrice Talon, se veulent, aussi bien des références à l’histoire nationale, mais également de nouvelles attractions pour un pays en pleine renaissance.
« La restitution des œuvres d’art et la réhabilitation de la ville de Ouidah sont des projets phares qui permettent de redonner vie à la culture du Bénin et de faire connaître son riche patrimoine au monde entier », s’enthousiasme Jean-Michel Abimbola, ministre du Tourisme, de la Culture et des Arts.
Comme à Ouidah, le gouvernement a mis les bouchées doubles à Porto-Novo, capitale du pays, faisant appel au cabinet d’architectes ivoirien Koffi & Diabaté, pour ériger un musée international des arts et civilisations Vodun. Objectif : offrir « tous les atouts nécessaires pour une meilleure compréhension du Vodun ». « Derrière ces nouveaux projets dans le domaine de l’art, de la culture et du tourisme, se trouve la vision de faire du Bénin un véritable centre d’art international », soutient Jean-Michel Abimbola.
« Le FinAB, pour se transformer en « Centre d’art international »
L’attractivité et le rayonnement, c’est justement les maître-mots du dernier des projets culturels initiés dans le pays : le Festival international des Arts du Bénin (FinAB). L’initiative, officiellement dévoilée le 15 décembre dernier, est prévue pour se tenir du 14 au 19 février 2023 sur 3 sites : Cotonou, Porto Novo, Ouidah, les trois villes les plus attractives du pays pour les touristes étrangers en quête d’offres culturelles.
Conçu sur le modèle d’une biennale, l’événement entend « doter le Bénin d’un festival d’envergure internationale, embrassant toutes les disciplines artistiques ». Musique, danse, théâtre, arts plastiques, cinéma, littérature, mode, tout est pensé pour mettre le Bénin sous le feu des projecteurs et placer le pays sur le circuit annuel des événements artistiques mondiaux. Cheville ouvrière de cet ambitieux projet, le Groupe Empire, spécialisé dans l’organisation d’événements sur mesure et en pleine expansion sur le continent. A sa tête, le jeune entrepreneur béninois à succès, Ulrich Adjovi, qui est aujourd’hui multiples casquettes - du divertissement, à l’hôtellerie ou la restauration, en passant par des agences de communication ou plus récemment des usines de recyclage.
« Le FinaB est un moyen de célébrer notre riche patrimoine culturel et de le faire connaître au monde entie r », explique l’entrepreneur culturel, convaincu que ce festival « contribuera à l’attractivité et au rayonnement du Bénin et de l’Afrique à l’international ».
« Valoriser notre travail »
Au milieu des projections de films, carnavals, masterclass, workshops, showcases, et autres activités classiques traditionnellement au menu de ce genre d’événements, une nouvelle initiative émerge : le marché d’art. Dénommé “TOKP’ART” en référence au marché Dantokpa, plus grand de la sous-région, ce marché ambitionne de rassembler dans un même espace tous les deux ans, les œuvres d’une centaine d’artistes locaux et internationaux.
Sondés, les concernés se montrent séduits : « En tant qu’artistes, nous percevons ce genre d’initiatives comme une occasion de valoriser notre travail, de le faire connaître au niveau national et international, et de rencontrer d’autres artistes et artisans talentueux du Bénin et d’ailleurs. Le festival couplé au lancement du marché vont permettre de faire découvrir la richesse de la culture béninoise au monde entier. J’ai hâte d’y être », déclare, enjoué, Ludovic Fadairo, célèbre artiste plasticien béninois qui célèbre ses 50 ans de carrière.
Enfin, un dernier détail, pas tout à fait anodin, retient l’attention dans la programmation du festival : le pays-invité. Retenu pour cette édition, le Maroc.
Si selon les promoteurs, « cette invitation vise à développer le rapprochement des deux pays et de leurs cultures », l’on pourrait y lire une autre visée dans la stratégie béninoise. En effet, avec son célèbre “Festival national des arts populaires de Marrakech”, organisé depuis plus d’un demi-siècle, le royaume chérifien a tout du parfait exemple pour l’ex-Dahomey.
LA REDACTION
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel