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Coïncidence ou signe des temps, le carême 2017 chez nous chrétiens catholiques a démarré le 1er Mars ; juste au lendemain du 27e anniversaire de la fin des travaux de l’historique conférence nationale des forces vives. Nous étions en 1990, et ce mercredi 28 février là, nous entrions de plain-pied dans ce temps de conversion sur lequel insistaient déjà si bien les évêques béninois dans leur célèbre lettre pastorale pour le carême de 1989, sous le titre, « Convertissez-vous et le Bénin vivra », et en particulier Monseigneur Isidore de SOUZA qui présida lesdits travaux.
Ainsi, le prélat et l’homme de Dieu ne croyait pas si bien dire en émettant le vœu que non seulement qu’« aucun bain de sang ne nous éclabousse et ne nous emporte dans ses flots ! » Comme pour dire qu’à l’époque, l’heure était si grave qu’il fallait redouter ou craindre le pire pour notre pays. Et Dieu merci qu’en son temps, le général président qui eut le courage de convoquer ces historiques assises, prit bonne note des propos du président du présidium des travaux, tout au long de leur durée, et sut se convertir sincèrement à sa manière. L’un des fruits de cette conversion, c’est qu’à la fin des travaux, il en a accepté les grandes conclusions, résolutions, options et décisions, tout en rassurant les participants et surtout les Béninois et les Béninoises de leur mise en application effective. Et ce fut ainsi de la transition jusqu’à la mise en place progressive des institutions formelles et officielles conformément aux dispositions de la nouvelle constitution béninoise du 11 Décembre 1990, qui a largement montré son efficacité en nous préservant sans équivoque des anciens démons, toujours menaçants quoique déguisés.
27 ans après, nous voici entamant un autre temps de carême, tout en mettant le cap sur le 28e anniversaire de notre processus démocratique à un moment où il ne serait pas exagéré de dire que nous sommes à nouveau à la croisée des chemins par rapport à l’avenir de notre pays. Un pays dans lequel depuis quelques années, ses fils et ses filles ont commencé à s’inquiéter du sort qui est le sien, à l’instar d’autres époques pas si lointaines de son histoire. Non seulement ils s’attendaient à ce que avec l’avènement de la démocratie un bond qualitatif soit réalisé sur le plan du développement socioéconomique, mais aussi la succession de régimes, garants de règne de justice, d’équité et de paix. Hélas ! 27 ans de processus démocratique inspiré par un Etat de droit : nous ne sommes pas pour autant sortis de l’auberge ! Car il ne suffit et ne suffira plus de constater que les différentes échéances électorales sont plus ou moins respectées, pour se convaincre de ce que tout va bien dans le pays, et que les Béninois et les Béninoises vivent dans le meilleur des mondes et sont donc davantage rassurés quant à la satisfaction de leurs besoins vitaux et fondamentaux les plus élémentaires. Faut-il dire que de jour en jour le tissu socioéconomique se déchire, l’unité nationale s’effrite, la cohésion sociale est à rudes épreuves et que nous courons le risque d’être rattrapés par les maux qui nous ont imposé la conférence nationale des forces vives comme porte de sortie ! Un évènement historique unique en son genre, qui ne peut et ne pourra se répéter à volonté, ni sous tous les cieux et encore moins à toute époque.
Ce ne sont là que des signes, et rien que des signes et constats têtus que nous devons pouvoir lire et décrypter en ce temps de carême 2017, pour savoir prendre la juste mesure des choses ; chacun à quelque niveau qu’il soit ; et nos dirigeants, les premiers. Cela vaudra remise en cause, introspection et bien évidemment : Conversion.
Bon temps de carême à tous et à chacun !
Abbé Crépin Magloire ACAPOVI
Directeur de Publication LA CROIX DU BÉNIN