Les élections législatives sont imminentes et les partis et Alliances politiques ainsi que les leaders et autres membres influents affûtent leurs armes. Au niveau des Forces cauris pour un Bénin émergent (Fcbe) la question de positionnement sur les listes de candidatures est préoccupante à l’instar d’autres regroupements politiques. Face aux ambitions que nourrissent certains ministres, Directeurs généraux de société et autres personnalités de la 1ère circonscription électorale, Danialou Imorou appartenant aussi à l’Alliance a accepté de se confier à votre journal en insistant sur les besoins et la volonté des populations qui doivent sous-tendre le choix des candidats et non forcément leur responsabilité politique ou collaboration avec le Chef de l’Etat.

Danialou Imorou, Bonjour ! On dit, que vous êtes très populaire dans la localité de Kandi. Serez- vous candidat aux élections législatives dans la 1ère circonscription électorale ?
Comme, j’ai souvent l’habitude de le dire, un politicien, quand bien même il est un leader d’un groupe, c’est l’homme qui est le plus prisonnier d’un certain nombre de personnes. En d’autres termes, un politicien n’est pas indépendant ; Il n’est pas libre. A un moment , si la base demande à ce que tu le représentes à un niveau élevé, tu es obligé d’accepter. Aussi, si tu es également convaincu de ta force face aux potentiels adversaires, il ne sert à rien de renoncer. Il faut foncer. Il faut aller loin. C’est le rêve de tout politicien de gravir des échelons, cela étape par étape. Si hier, les populations ont jugé bon de nous plébisciter en tant que conseiller municipal et par la suite ont voulu que nous soyons à la tête de la mairie, sans que cela ne se réalise ; et si aujourd’hui, elles pensent que vous devrez les représenter à un niveau plus haut de l’Assemblée nationale, quoi de plus noble que de répondre positivement à cet appel ? Je reçois aussi des doléances dans ce sens de la part des sages et notables. Donc si cela s’affirmait de façon plus accrue, sachez que je vais répondre à cette sollicitation et ensemble avec les populations nous allons prier Dieu pour que ce rêve se réalise.

Et pourtant, on dit que vous êtes en grande difficulté à Kandi d’où vous êtes originaire. De quoi s’agit t-il ? 
Etant donné qu’il y a toujours une guerre de leadership dans un groupe, je reçois au contraire des messages d’encouragement par rapport à ça. Je pense que ce que je suis en train de faire de mon mieux, je ne réussi pas à 100% mais j’ai la moyenne.

Certaines infrastructures que vous avez construites au profit des populations de Kandi ont été saccagées. De quoi s’agit t-il ?
C’est une triste réalité. Parce que nous, en son temps, nous avons pensé accompagner le Chef de l’Etat dans sa dynamique de l’initiative de Dogbo prise en septembre 2012, où dans le cadre de la sécurité humaine il y a un certain nombre de besoins primaires qu’il faut essayer de satisfaire. C’est dans ce cadre que nous avons tenté de faire des modules de classe pas en matériaux définitifs. Nous avons fait dans la limite de nos moyens, des réfections de ponts un peu partout dans la commune. Mais j’ai été surpris ces derniers temps de constater que les modules de classe ont été saccagés comme les journaux l’ont écrit. J’ai les photos. Nous avons à faire à une circonscription électorale où les populations ne sont pas dupes où du moins elles ne sont plus dupes et c’est même ça qui a poussé ces populations à me plébisciter jusqu’à une telle lutte pour vouloir que je sois candidat sur la liste FcBe.

Qui avait intérêt à saccager ces infrastructures ?
Ça, je ne saurais le dire. Je vous promets de reconstruire ces mêmes modules de classe et cette fois-ci en matériaux définitifs ; ce qui a même déjà commencé. Je suis issu de parents qui n’ont jamais mis pied à la maternelle, mais qui savent se battre. Donc, il ne faut pas que les gens confondent mon statut actuel à un statut de bénéficiaire ou d’opportuniste d’un régime. C’est les populations qui, à un moment donné, ont dit que cet enfant on peut le mettre devant et la plupart de ceux qui me soutiennent, à travers l’ensemble des cadres, c’est les grands frères, les aînés. Donc, c’est peut-être les plus vieux, qui à un moment donné, pensent qu’on veut leur ravir la vedette. C’est eux qui sont en train d’être réticents.

Si vous devez aller à ces élections législatives sur quelle liste allez-vous vous présenter ?
Je suis conseiller communal de la mouvance présidentielle. La mouvance, comme vous le savez bien, elle a une seule liste, les Fcbe, sous le leadership de notre leader Dr Thomas Boni Yayi. Si cette liste doit se présenter aux élections législatives, ce qui est plus qu’une évidence, je ferai de mon mieux avec l’appui de ces populations qui le sollicitent, pour qu’on soit positionné en tête de liste. Si on n’arrivait pas à atteindre nos objectifs, c’est à ces mêmes populations de définir la ligne de conduite qu’il faut suivre ; en d’autres termes, c’est pour vous dire que je suis toujours lié à ces populations. Je ne prendrai aucune décision unilatéralement sans les consulter. Mais de ma position je ferai ce que je peux pour que cette candidature puisse être ressentie. Non seulement au niveau des populations, mais beaucoup plus au niveau de notre leader charismatique. De part mon statut actuel, cela pourrait vous étonner du fait que je sois un simple conseiller communal ; ensuite, on peut se demander si c’est un jeune comme moi qui veut être candidat sur la liste Fcbe d’une circonscription pareille. Mais l’histoire est là, elle est têtue et quand il faut rentrer dans l’histoire je pense qu’aujourd’hui on peut affronter les adversaires politiques qui vont vouloir attaquer cette liste maintenant en notre sein. Si les gens sont honnêtes ils savent déjà que l’heure a sonné et qu’ils peuvent céder.

La 1ère circonscription électorale composée des communes de Kandi, Karimama, Malanville est connue pour compter un certain nombre de ténors politiques dont Issa Salifou, Arifari Bako, Issa Azizou, les deux derniers étant ministres au gouvernement. Comment comptez-vous y prendre à succès ? Comment pouvez-vous convaincre les Fcbe à vous prioriser au détriment du ministre Issa Azizou par exemple ?
Des noms que vous avez cités à l’instant même, celui dont peut-être, si les gens sont honnêtes, je peux dire que je vais chercher à rivaliser la place au niveau des Fcbe de cette 1ère circonscription, vous ne l’avez pas cité.

C’est qui par exemple ?
J’allais dire par exemple Idrissou Bako. Idrissou Bako, c’est le Directeur général de la Sonapra. Ce que nous voyons sur les médias surtout sur les plateaux de télévisions et dans la presse écrite, nous qui sommes des hommes de terrain, ce que nous lisons à Cotonou, ne reflète pas du tout la réalité sur le terrain politique. Dans cette 1ère circonscription électorale aujourd’hui, les trois ténors que vous avez cités savent véritablement qu’en matière d’électorat, en matière de confiance des populations, ils ne sont même pas à la taille de celui que je viens de citer. Or, celui que je viens de citer, il appartient à la majorité présidentielle. En temps normal, si les gens veulent faire les choses dans les règles de l’art et si les gens ne veulent pas regarder les statuts actuels des uns et des autres, c’est-à-dire ancien député, ancien ministre ou ministre actuel, et s’ils veulent regarder véritablement à l’instant qui répond aux besoins des populations, je pense que le concurrent immédiat que je puisse avoir pour s’inscrire en tête de liste Fcbe, ce serait Idrissou Bako et non les trois autres. En ce qui concerne Issa Salifou, qui aujourd’hui est affiché de l’opposition, moi je pense que vous aurez constaté depuis un certain temps qu’il fait assez de tapages médiatiques ; or vous avez eu la chance d’être dans ce pays. Hier Issa Salifou n’apparaissait pas, il n’allait même pas voter mais pourtant il est élu député. Ceci parce que nous avons eu la malchance d’avoir des gens sur notre liste de la mouvance qui sont totalement rejetés par les populations. Le chef étant chef, il est au-dessus de tout, il ne peut pas faire la part des choses, il y a des pressions sur lui, donc ça fait que ceux qui sont souvent plus proches de lui arrivent à s’inscrire sur cette liste même s’ils ne sont pas populaires . Or nous sommes dans une circonscription électorale où les populations votent le concret.

Celui qui vient au secours des populations ?
C’est pour ça que vous allez penser ici qu’Issa Salifou est populaire. Issa Salifou est conscient qu’il bénéficie du mauvais positionnement sur la liste Fcbe. Sinon en dehors du fait qu’il a été élu sur la liste Ubf comme député normalement en 2007 de même que 2011, Issa Salifou ne devrait pas être élu député si les positionnements au niveau des Fcbe étaient bien faits.

Mais il n’était pas moins populaire dans la 1ère circonscription électorale ?
Aujourd’hui Issa Salifou est totalement limité. Avec la sortie et la détermination du Dg Sonapra je ne sais pas où Issa peut parler. C’est pour cette raison que vous le voyez un peu partout sur les chaînes de télévision. Est-ce que hier, vous aviez l’habitude de le voir ? Mais cette fois, il a commencé par beaucoup parler, ça veut dire qu’il y a quelque chose en bas. Nous qui sommes les hommes de terrain, cela ne nous inquiète point. Je reviens sur le cas Arifari Bako et Issa Azizou pour dire que les gens ne doivent plus se mettre en idée que si vous détenez des statuts ou certaines qualifications que le Chef de l’Etat a utilisés pour vous rapprocher à ses côtés, vous ne devez penser un temps soit peu que vous êtes d’office politicien.

Mais eux ils sont à des positions auxquelles vous n’êtes pas, donc encore ils peuvent parler directement avec le Président de la République ?
Laisser la politique à ceux que les populations pensent qu’ils répondent à leur besoin. Nous autres, nous ne voulons pas de leur poste ministériel, mais pour ce qui est de la représentativité de nos populations à des instances plus hautes au plan politique, ils n’ont qu’à laisser ça à ceux qui sont proches des populations. Faut pas qu’ils embrouillent le Chef de l’Etat pour permettre à Issa Salifou demain de parler comme il a l’habitude de dire qu’ aujourd’hui nul ne peut faire la politique au Nord sans conjuguer avec eux. Je reste convaincu que c’est faux. Et je pense que si nous nous sommes unis et parmi nous les gens reconnaissent leur limite pour ce qui est de la 1ère circonscription électorale, les Fcbe sont en mesure de prendre les trois sièges.

Mais trois sièges pour autant de gens de la mouvance ? Danialou Imorou, Idrissou Bako, Arifari Bako, nous ne comptons pas encore Alasane Seydou et les autres qui pourraient avoir des ambitions. La liste Fcbe risque de faire explosion !
Dans tous les cas à la dernière minute, nous allons nous ranger derrière le mot d’ordre du Chef de l’Etat. Mais ça n’exclut pas que nous exhortions nos aînés pour qu’ils comprennent cette fois-ci qu’ils peuvent nous céder la place. On n’a pas les mêmes objectifs. Si les gens pensent qu’ils sont les incontournables, parce que hier ils ont été députés et aujourd’hui ministres et maintenant que les législatives viennent encore, ils veulent reprendre leur poste de députés, pendant que ceux qui sont proches des populations sont toujours là dans leur statut initial, cela ne marchera pas. Mais à un moment donné le Chef risque de ne plus nous contenir. Il faut voir les statuts des uns et des autres. C’est la voix de la jeunesse. Hier nous les avons suivis et cette fois-ci nous pensons qu’il faut que nous portions notre voix au plus haut niveau, quitte à ce que le Chef de l’Etat nous écoute. Mais malheureusement nous n’avons pas la même audience qu’eux. Notre audience à nous ce sont les populations. Et nous nous en tenon à cela.

À l’étape où nous sommes, si vous n’êtes pas sur la liste Fcbe, vous trouverez votre porte de sortie ailleurs ?
Ça dépendra des populations. Si vous connaissez l’histoire de 2011, il y a des gens que des populations ont identifiés en son temps et ils ont lutté pour être sur la liste Fcbe, mais malheureusement par la force des choses, ils n’ont pas été retenus sur la liste Fcbe. Cependant ils ont été élus députés et défendent aujourd’hui mieux la mouvance que ceux qui sont sortis sur la liste Fcbe. Quand vous voyez par exemple les députés comme Okounlola au niveau de la zone Savè mais je ne vous apprends rien si je vous dis qu’il n’est pas issu de la liste Fcbe. Ça veut dire donc que hier, il était honnête mais peut-être, il n’a pas eu la chance d’être compris par le Chef de l’Etat. Si les populations décident qu’on le fasse ainsi moi je suis sûr que ça ne serait pas facile. Mais on le fera.
Je vous remercie !

Propos recueillis pour Le Grand Matin