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L’exposition Visions du sacré présentée au 41 rue de Seine, du 2 novembre au 2 décembre, réunit deux artistes de parcours différents : Gopal Amah et Éric Bottero. Chacun des deux artiste s’est confronté au sacré dans le berceau du vaudou, le Bénin. Gopal Amah, dans sa série Des masques et des dieux, consacrée aux Égungún (revenants dans le culte yoruba), et Éric Bottero, à travers son travail sur la forêt sacrée de Ouidah, tentent de répondre à la question suivante : comment la photographie peut-elle donner à voir l’invisible ?
Des Masques et des Dieux
Dans cette série photographique, je m’immerge profondément dans l’univers culturel et spirituel des Égungún ; une pratique ancestrale qui tisse un lien unique entre les vivants et les morts au sein des communautés Yoruba d’Afrique de l’Ouest.
Mon travail explore avec passion les mystères et les contradictions des Égungún, mettant en lumière leur dualité distinctive, celle de la coexistence des éléments de la mort et du costume.
Les Égungún sont des esprits ancestraux vénérés lors de rituels et de célébrations spéciales, et le point central de ces cérémonies est sans contester les costumes. Ces costumes sont des œuvres d’art complexes et chatoyantes qui incarnent simultanément la splendeur des ancêtres et la dévotion des vivants. Riches en motifs, couleurs et formes, ils portent en eux l’héritage culturel des ancêtres et racontent l’histoire vibrante de la culture Yoruba.
Toutefois, ces costumes sont aussi des symboles de la fragilité de la vie humaine, conçus intentionnellement pour se détériorer, se décomposer et disparaître au fil du temps. Cette déstructuration délibérée est une métaphore puissante de la nature éphémère de l’existence humaine et de la complexité des liens entre les vivants et les morts. Les costumes, en tant que médium entre ces deux mondes, incarnent le passage inéluctable du temps.
Ma série photographique capture la dualité profonde inhérente aux Égungún. J’utilise la photographie pour explorer la beauté fugace de ces costumes tout en documentant leur transformation progressive. Mes images révèlent la texture, la couleur et les détails somptueux des costumes, tout en montrant comment ils se transforment et se dégradent au fil des rituels et au fil du temps. Chaque photo devient ainsi une méditation visuelle sur le cycle ininterrompu de la vie, de la mort et de la renaissance.
En explorant ces rituels, je cherche à transcender la dimension temporelle et montrer une autre facette des photos de Egungun, invitant le spectateur à méditer sur des questions universelles telles que la mémoire, l’héritage, la perte et la persistance. Ma série rend hommage à la tradition tout en suscitant une réflexion profonde sur la transformation constante de l’existence humaine, où passé, présent et futur s’entrelacent dans une danse spirituelle et artistique.
Pour finir, mes photographies aspirent à évoquer une profonde réflexion sur la manière dont les cultures Yoruba perpétuent leur mémoire, honorent leurs ancêtres et embrassent l’inéluctabilité de la transition. Mon travail est une célébration visuelle de l’âme humaine, à la fois dans sa splendeur éphémère et dans sa résilience intemporelle.
Gopal AMAH
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