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Le brassage interculturel et la renaissance de la ville capitale au cœur de l’entretien
Présentez-vous à nos lecteurs ?
Je me nomme Machoudi Dissou, professeur de l’enseignement supérieur, ancien doyen de la faculté des sciences agronomiques à l’Université d’Abomey-Calavi. Je suis président depuis 2003, de l’Union des Filles et Fils Amis et Sympathisants de la ville de Porto-Novo, une association au service du développement intégral de la ville capitale du Bénin. Je suis un artisan du dialogue interreligieux et milite pour la paix à travers monde.
Quelles ont été Les circonstances de création de cette association ?
Un groupe d’intellectuels béninois de divers horizons après réflexion et échange sur ce que devrait être la ville de Porto-Novo au regard de la constitution béninoise du 11 décembre 1990, a pensé la création d’un creuset où s’expriment des voix plurielles en faveur de la reconstruction et du développement de Porto-Novo, la capitale constitutionnelle du Bénin.
D’où la création de l’Union des Filles et Fils Amis et Sympathisants de la ville de Porto-Novo ayant pour missions essentielles, de Faire ressortir les potentiels et atouts de la ville aux trois noms à savoir : Porto-Novo, Adjashè et Hôgbonou. Une ville délaissée par les pouvoir publics depuis les années 60 à nos jours. La preuve en est le transfert de tous les attributs de la capitale transféré vers Cotonou. Une donne qui a contribué à l’aliénation des valeurs de ladite ville. C’est fort de cette donne que le noyau de réflexion s’est porté vers les sages, notables et personnes âgées de toute tendance sans oublier les têtes couronnées pour murir l’idée de la naissance de cette association, laquelle prendra la défense de la restitution à Porto-Novo des attributs d’une digne capitale, un des facteurs de la renaissance constitutionnelle de son identité.
L’un des principaux objectifs poursuivis, est le renouement avec le lobbying axé non seulement sur le retour des attributs pour amorcer et achever son développement intégral mais aussi sur la valorisation des compétences pour une renaissance de l’élite comme c’est le constat dans le bon vieux temps où la ville capitale était un pôle économique et d’excellence. Notre mode d’action est fondé sur le plaidoyer et sur le lobbying. Raison pour laquelle nous avons pensé à des actions culturelle et sociale pour s’inscrire la vision de ce développement qui appelle la contribution de tous à travers un brassage entre les différentes cultures présentes dans la ville.
Un festival international des arts et cultures Yoruba Créole Adja Tado pourquoi faire ?
Le festival est initié pour des raisons historiques et culturelles. Il reste le carrefour d’une formidable retrouvaille entre frères et peuples d’une même origine. Il est orienté vers le brassage interculturel et totalement tourné vers la solidarité et l’apport de la diaspora pour la renaissance de Porto-Novo, la capitale politique du Bénin.
La principale justification de sa tenue tire son fondement du fait que la ville tire son existence de trois noms ayant trait à la présence de trois différentes cultures à savoir : yoruba, créole et adja.
Les yorubas établis avant l’arrivée des adja fondateur du royaume par Tê-Agbanlin venu d’Allada et descendant d’Adjahouto en 1788. Ce groupe ethnique regroupant les sêtos, les toris et autres sous l’appellation goun. Quant aux yorubas, de deux types d’ailleurs, sont d’une part de la période pré adja et d’autre par de celle post adja, les plus nombreux aujourd’hui. Ceci après l’établissement des colonies. Le troisième groupe est celui des créoles connus sous le nom Agouda, descendants des esclaves transférés vers les Amériques dans le cadre du commerce triangulaire. Suite à l’interdiction de la traite dans le courant du 18ème siècle ; le retour à la source des déportés du commerce triangulaire a été observé. Ils sont donc établis dans les villes côtières en Sierra Léone, en Gambie et au bénin dans les villes de Porto-Novo, Grand-Popo, et Ouidah sans oublier celles du Nigeria, notre grand voisin.
C’est donc un négrier espagnol connu sous l’appellation de Campos qui a donné à la ville, le nom de Porto nuevo qui veut dire Porto nouveau, devenu par la suite Porto-Novo. C’est donc autour de ses trois groupes socioculturels que, s’est bâtie l’idée du festival. La colonisation a joué un grand rôle pervers par l’érection des barrières africaines tout autour du golfe de guinée où on retrouve les mêmes groupes d’où le caractère internationale du festival. Une retrouvaille entre frères et peuples de même origine. Des peuples qui se sont combattus par la conquête royale, par exemple le royaume d’Oyo et celui de Danhomey autour de l’intérêt ou des profits liés au commerce de la traite négrière.
Quel est l’objectif visé ?
Le festival permettra de sceller un lien de fraternité entre les groupes humains établis dans ces régions et condamnés à vivre dans la paix et la concorde et qui doivent se donner la main pour produire de la richesse à redistribuer en fonction des priorités pour l’épanouissement des peuples. Ledit festival revêt d’un atout touristique axé sur le brassage interculturel. Il sera placé sous l’autorité de Yayi Boni. Ce festival au regard de son aspect historique, sera coparrainé par le dignitaire religieux OBA Okounadé, Chidjou wadé Oloubouché 2, l’OONI d’Iléfê. Autour de ces personnalités sera remarquée la présence d’autres dignitaires et têtes religieux à savoir : sa majesté royale Kpodégbé, roi de la dynastie Adja Allada togoudo, sa majesté royale d’Adja Tado, sa majesté impériale Ala afin d’Oyo du Nigeria, sa majesté Akran de Badagry et sous les bénédictions de leurs majestés royales de Porto-Novo notamment Onikoyi Aladjashè Abessan 5, kpotozounmè Dê Hakpon 3, Dê Ayontinmè Toffa 9 ayant à leurs côtés les Oba, Ahôlou et dignitaires des cours royales du bénin et du Nigeria comme Alaakè de kétou, Onitchabè de Savè, son homologue de Dassa, Agboli-Agbo d’Abomey et les têtes couronnées de la commune de Sème-Podji en particulier Houéton Avounbè, la reine d’Ekpè sans oublier celles d’Adjarra, d’Akpro-Missérété et d’Avrankou pour le compte de l’Ouémé et onikpokpo de Grand-Popo du département du Mono.
Quel est alors le menu dudit festival ?
Les activités pour le compte du festival sont diverses et retracent les pratiques culturelles des peuples dont l’histoire est retracée à travers l’effectivité dudit festival. Elles portent entre autres sur le théâtre populaire, les ballets et danses traditionnelles, les manifestations artistiques axées sur l’exhibition de masque égoun goun, èyo, guèlèdè, gounoukô, zangbéto, bourian. A ce riche menu, il faut ajouter la valorisation des arts culinaires, arts vestimentaires, ceux ludiques. Un accent particulier sera mis sur les journées portes ouvertes orientées vers les visites guidées dans les palais royaux et les musées de Porto-Novo, lesquelles visites dureront trois jours et visent à restituer l’origine des communautés, l’organisation de la société et de la cour royale dans les temps anciens. Le jardin touristique des plantes et de la nature et la route de l’esclave de la ville capitale feront partie intégrante des sites en mettre en valeur pour le compte de cette première édition.
Interview exclusive réalisée par Nicaise AZOMAHOU
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