vendredi, 10 octobre 2025 -

564 visites en ce moment

Appel aux Africains pour conjuguer Afrique et avenir




(Par Roger Gbégnonvi)

​Observés sur le long terme, les Noirs d’Afrique et leurs frères des Antilles paraissent en proie à un ressac permanent. L’histoire en marche ne leur laisserait quelque répit que pour les mettre à nouveau en colère et les replonger dans les flots d’une intense rétroactivité.
​Qu’on se souvienne. Les années 1930. Sur les bords de la Seine. Les sélectionnés d’entre eux remplissent à Paris les cases essentielles de l’excellence : hypokhâgne et khâgne, Normale-Sup et Sorbonne, agrégation et tutti quanti. Mais ils ont beau avoir conquis les titres universitaires prestigieux, apanage de peu de gens, Paris continue de les tenir pour des minus habens. Alors se lâche Senghor : « Vous Tirailleurs sénégalais, mes frères noirs à la main chaude sous la glace et la mort… / Je ne laisserai pas – non ! – les louanges de mépris vous enterrer furtivement… / Qui pourra vous chanter si ce n’est votre frère d’armes, votre frère de sang ? ». C’était en 1940 dans Hosties Noires. Il fut lui-même l’une de ces hosties livrées en chair à canon en 40-45. Réchappé et méprisé, il revient en arrière pour chanter ses frères « sous la glace et la mort ». Il célèbre les morts du passé pour exorciser le mépris du présent.
​La colère sourde du Noir sénégalais éclate chez le Noir martiniquais, Aimé Césaire, quand il évoque l’Afrique à laquelle ses ancêtres ont été inhumainement arrachés : « C’étaient des sociétés communautaires, jamais de tous pour quelques-uns. / C’étaient des sociétés pas seulement ante-capitalistes, comme on l’a dit, mais aussi anticapitalistes. / C’étaient des sociétés démocratiques, toujours. / C’étaient des sociétés coopératives, des sociétés fraternelles. / Je fais l’apologie systématique des sociétés détruites par l’impérialisme. » C’était en 1950, dans Discours sur le colonialisme. Jean-Jacques Rousseau césairisé : le Noir est bon, c’est le Blanc qui le corrompt. Et Césaire revient en arrière pour chanter des sociétés mortes, prenant ainsi au présent sa revanche sur les méchants qui ont réduit son peuple en esclavage.
​Aujourd’hui, en l’an 2023, relayés par les réseaux sociaux, les Africains semblent avoir accéléré la fuite en arrière. Les yeux dardés sur le rétroviseur, ils plongent à fond dans la rétroactivité. Désespérés par la grande mauvaiseté du présent (vacuité de l’Union Africaine, dynastiques autocraties dites démocratie, pouvoir d’achat effondré, projets de développement absents, etc.), désespérés donc, les Africains s’alignent avec joie derrière Cheikh Anta Diop. Accrochés à la locomotive passéiste du célèbre historien et anthropologue, en chœur avec lui, ils chantent « L’Unité culturelle de l’Afrique noire ». Celle-ci aurait pour base l’antique Egypte des Pharaons, dont ils disent qu’ils étaient mélanodermes, donc plutôt noirs. Et voici les Noirs bâtisseurs des pyramides, inventeurs de la géométrie et autres sciences. L’Egypte des langues et civilisations africaines a de même structuré civilisation et religion de l’Occident. Jésus-Christ est mélanoderme. Mais les Africains doivent quitter le christianisme et retourner aux religions de leurs ancêtres, socle certain des empires noirs défaits par le conquérant. Et tutti quanti.
​Un peu confuse la quête des Africains en l’an 2023. De façon subliminale, ils sentent peut-être que, à toujours reléguer le présent en rase campagne pour aller chercher grandiose consolation dans l’extrême ancienneté de l’histoire fantasmée, ils risquent le préjudice absolu de leur disparition en termes de zombification à l’ère du transhumanisme qui s’en vient, d’ores et déjà activé et mis en branle par les exploits de l’intelligence artificielle. Nul n’y échappera. Et l’Afrique, éloignée pour l’essentiel des révolutions de l’écriture, pourrait n’être demain qu’une Afrique ancillaire, serpillière du monde marchant et marchand. Pour ne pas en arriver à ce quasi anéantissement, les Africains doivent aujourd’hui se « ceindre les reins comme un vaillant homme », ils doivent, ici et maintenant et partout, se lancer à eux-mêmes l’appel de l’audace pour conjuguer l’Afrique avec l’avenir, pas avec le souvenir de quelque passé de toute façon trépassé. « Oser l’avenir », disait Thomas Sankara. Pour l’Afrique. Aujourd’hui.

www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel

Abonnez-vous à la chaîne WhatsApp officielle de 24h au Bénin, en cliquant ici, pour suivre les infos.

3 juin 2023 par Judicaël ZOHOUN




Wilfrid L. do Rego analyse le bilan et donne ses points de vue sur les (…)


8 octobre 2025 par Judicaël ZOHOUN
Le 𝗕𝗶𝗹𝗮𝗻 𝗱𝘂 𝗠𝗶𝗻𝗶𝘀𝘁𝗲̀𝗿𝗲 𝗱𝗲 𝗹’𝗘́𝗰𝗼𝗻𝗼𝗺𝗶𝗲 𝗲𝘁 𝗱𝗲𝘀 𝗙𝗶𝗻𝗮𝗻𝗰𝗲𝘀 de 𝟮𝟬𝟭𝟲 à 2𝟬𝟮𝟯 (…)
Lire la suite

UBA renforce sa stratégie de croissance panafricaine, réaffirme son (…)


1er octobre 2025 par Judicaël ZOHOUN
UBA Plc, la banque africaine d’envergure mondiale, a réaffirmé son (…)
Lire la suite

Bénin : Election présidentielle et comportements ridicules


1er octobre 2025 par Ignace B. Fanou
Au Bénin, bien loin de cette vieille sagesse qui voulait que les mains (…)
Lire la suite

Non, Madame la Vice-présidente n’a pas dit ça…


11 septembre 2025 par Judicaël ZOHOUN
« Un Président, ne devrait pas dire ça… ». La formule est désormais (…)
Lire la suite

Boni Yayi, prestidigitateur ou fossoyeur ?


10 septembre 2025 par Judicaël ZOHOUN
À force de distribuer des promesses contradictoires, Boni Yayi ne (…)
Lire la suite

Alabuga Start, la sombre vérité derrière le recrutement de jeunes (…)


7 septembre 2025 par Judicaël ZOHOUN
Le 22 août, les autorités Sud-africaines annoncent qu’une enquête est (…)
Lire la suite

Arrestations au Sahel : le signal des libertés en recul


13 août 2025 par Judicaël ZOHOUN
Le 1er août dernier, l’ex premier ministre malien, Moussa Mara a été (…)
Lire la suite

« On vous en doit une, Monsieur le Président »


27 juillet 2025 par Judicaël ZOHOUN
Le 1er Août 2025, notre pays, le Bénin célébrera le 65e anniversaire de (…)
Lire la suite

Le professeur Abdou Moumouni Dioffo, une énergie en héritage


26 juin 2025 par Judicaël ZOHOUN
Parfois, des enchaînements insondables ramènent à notre conscience des (…)
Lire la suite

Les Afriques, contraintes du continent et prospection solutions


4 avril 2025 par Akpédjé Ayosso
Comme à son habitude, le Mouvement des étudiants panafricains de (…)
Lire la suite

Clash Trump-Zelensky : la suspension de l’aide militaire pour l’Ukraine


7 mars 2025 par Judicaël ZOHOUN
Ce lundi, le 3 mars, Donald Trump a ordonné une « pause » dans l’aide (…)
Lire la suite

Attila, Poutine, Trump et Vance


4 mars 2025 par Judicaël ZOHOUN
Ce ne fut pas Yalta, ni Versailles, ni Nuremberg ! Mais c’est (…)
Lire la suite

200 ans de la Promenade des Anglais


23 décembre 2024 par Judicaël ZOHOUN
La Promenade des Anglais a été inaugurée en 1824 grâce à l’initiative (…)
Lire la suite

MANIFESTE POUR LA NATIONALITÉ FRANÇAISE DES DESCENDANTS DE TIRAILLEURS


1er décembre 2024 par Judicaël ZOHOUN
(Par Aliou TALL, président du RADUCC) Préambule. A l’occasion du (…)
Lire la suite

LE REGLEMENT DES CONFLITS PAR LA PROCHAINE ADMINISTRATION TRUMP


1er décembre 2024 par Ignace B. Fanou
L’arrivée ou le retour au pouvoir du président américain Donald Trump (…)
Lire la suite

Hommage à Amilcar Cabral gênât penseur de la révolution africaine


8 septembre 2024 par Judicaël ZOHOUN
Amilcar Cabral (12 septembre 1924 – 20 janvier 1973 à Bafata), dont le (…)
Lire la suite

A LA REDECOUVERTE DE L’OEUVRE INTEMPORELLE DE JACQUES ROUMAIN, écrivain (…)


18 août 2024 par Judicaël ZOHOUN
Quatre-vingts années se seront écoulées. Le 18 août 1944, Jacques (…)
Lire la suite

11août, Yédénou Adjahoui, une présence permanente dans la mémoire (…)


17 août 2024 par Judicaël ZOHOUN
Le souvenir d’un grand Passeur de Culture A quand un Mémorial digne (…)
Lire la suite




Derniers articles



Autres vidéos





Les plus populaires