Un scandale de plusieurs milliards a permis des hommes véreux de s’enrichir au détriment de milliers d’épargnants. Ce, avec des complicités au sein de la haute administration.
La pyramide de Ponzi à la sauce béninoise montée par la société d’investissement Consultancy and Coumputering Services (ICC Services) et consorts est restée en travers la gorge. Malgré les promesses présidentielles de remboursement, les victimes risquent de ne pas voir la couleur de leur argent surtout après la dernière sortie de l’agent judiciaire du trésor chargé du dossier.
La plupart des candidats, à l’élection présidentielle de 2011, en ont fait leur thème de campagne. Comme Boni Yayi, candidat lui aussi, chacun a pris l’engagement d’aider les personnes spoliée par des structures illégales de placement d’argent, à rentrer dans leurs fonds. Il s’agit d’un scandale dans lequel, on évoque plusieurs milliards et le vol de plusieurs milliers d’épargnants.
A deux ans, de la fin du mandat du président Boni Yayi, très peu de victimes ont pu percevoir une partie de leurs avoirs, déposés dans les structures de placement d’argent. Le reste, la majorité des déposants, n’est pas sûr d’être remboursé un jour. Et pourtant, la Banque Centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest a, à plusieurs reprises, donné l’alerte sans que cela n’émeuve les autorités béninoises.
La nébuleuse
La bulle a explosé en 2010. Le système, à la manière de Madoff, l’homme, qui est à l’origine du plus grand scandale financier aux Etats-Unis, ne permettait plus d’utiliser, l’argent déposé par les derniers épargnants pour payer les premiers. Pendant plus de trois ans, soit, juste un an après l’élection de Boni Yayi à la présidence de la République en 2006, des Béninois ont escroqué leurs concitoyens, en proposant pour le placement de leurs épargnes, des taux qui dépassent tout entendement. Des fois, le taux d’intérêt passe du double au triple alors que le taux national d’intérêt est de 6%.
La proposition était tellement alléchante, que très peu de Béninois, ont résisté à l’appât. Les responsables de ces structures illégales de placement d’argent, qui sont pour la plupart issus des milieux religieux, ont bénéficié de complicités au sein de l’appareil d’Etat. Ainsi, de l’individu aux conditions modestes aux plus nantis, tout le monde a cru à cette manne tombée du ciel. Et c’est avec beaucoup de surprises, qu’ils ont découvert le pot aux roses. Des têtes sont tombées. En premier, celle du ministre de l’Intérieur de l’époque Armand Zinzindohoué soupçonné d’avoir touché des pots de vins. Une procédure pour le faire passer devant la haute cour de Justice, a même été enclenchée par le gouvernement.
Comme une réponse du berger à la bergère, le ministre refuse d’endosser seul toute la responsabilité. Il estime être victime d’un complot. Il affirme n’être associé à cette affaire ni de près ni de loin. Dans la foulée, le procureur de la République, Constant Amoussou s’est retrouvé lui aussi en prison pour n’avoir pas, à temps, mis la main sur les responsables de cette escroquerie. Plusieurs autres responsables croupissent depuis deux ans derrière les barreaux des prisons béninoises. Et depuis, c’est une nébuleuse.
La guerre des chiffres
Pour tirer l’affaire au clair, une commission a été mise sur pied. Seulement, l’enquête diligentée n’a pas aidé à situer les Béninois, sur ce qui s’est réellement passé. Et la polémique a tôt fait de s’installer. D’abord, la guerre des chiffres déclenchée par l’agent judiciaire du Trésor. Sous sa direction, le recensement initié par le gouvernement, estime à cent milliards (100.000.000.000) de francs Cfa le montant de l’escroquerie. Un chiffre que contestent les responsables des structures illégales de placement d’argent. Ils évoquent un montant de quinze milliards (15.000.000.000) francs Cfa. La justice a été saisie et depuis plus rien.
Il a fallu la sortie médiatique ces derniers jours du député de l’opposition Saka Fikara, invitant les victimes, à une marche vers la présidence de la République pour que l’agent judiciaire du Trésor, Séverine Lawson, se décide à faire une certaine clarification. Au sortir d’une audience avec le chef de l’Etat, elle lève un coin du voile sur l’évolution du dossier. Madame Lawson affirme que le juge d’instruction en charge du dossier, a été muté de son poste lors des dernières affectations, intervenues dans les tribunaux.
Cette situation a, à son avis, entravé quelque peu l’accélération de l’instruction. Toutefois, « l’instruction est déjà achevée. Conformément à la procédure, le dossier devra revenir au juge d’instruction qui prendra une ordonnance de clôture définitive avant l’ouverture du procès », a-t-elle précisé. Malgré les fonds saisis, la vente des biens meubles et immeubles des promoteurs et des initiatives du gouvernement, rien n’indique aujourd’hui que les victimes de cette vaste escroquerie reverront un jour la couleur de leur argent.
Didier Hubert Madafime
www.24haubenin.info ; L’information en temps réel
www.24haubenin.bj ; L'information en temps réel
19 février 2014 par Judicaël ZOHOUN