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In JEUNE AFRIQUE
Selon la justice béninoise, le premier a été victime d’une tentative d’empoisonnement ourdie par le second lors d’un déplacement présidentiel à Bruxelles, le 17 octobre dernier. Trois proches du chef de l’État - un ancien ministre, une nièce et son médecin personnel - accusés de complicité dans cette conspiration ont été inculpés et incarcérés à la prison centrale de Cotonou, le 22 octobre. Nous sommes en plein roman d’espionnage. Le businessman aurait proposé 1 milliard de F CFA (1,5 million d’euros) au médecin et à la nièce pour remplacer le traitement antidouleur prescrit au président par des médicaments toxiques réceptionnés à Cotonou par l’ancien ministre. Prise de remords, la nièce aurait avoué et permis de déjouer le complot. Le 23 octobre, un mandat d’arrêt international était délivré contre l’instigateur présumé et son plus proche collaborateur, Olivier Boko.
« Si tout cela est exact, cela dépasse l’entendement, c’est surréaliste », estime un leader politique qui « craint le pire » - à savoir un grand déballage sur la place publique. Selon plusieurs témoignages recoupés, Patrice Talon a été un généreux mécène des deux campagnes présidentielles victorieuses de Boni Yayi en 2006 et 2011 [Voir encadré]. Est-ce en guise de remerciement qu’il a pu étendre son emprise sur la filière coton durant le premier mandat ? On peut le penser, mais nous resterions dans une chronique ordinaire, celle du renvoi d’ascenseur.
"Je réfute toutes ces accusations"
En 2011, juste après le scrutin, Talon se voit en plus confier par décret le très juteux Programme de vérification des importations (PVI). En clair, il devient le douanier du Bénin avec « des dispositions très favorables lui permettant de mettre la main sur une bonne partie des recettes », décrit un habitué du palais de la Marina. Les douaniers, les vrais, dénoncent très vite une concurrence déloyale et le manque à gagner... Le président revient finalement sur le contrat et demande une renégociation. « Talon a refusé, le gouvernement a alors suspendu le PVI. Depuis c’est la guerre », explique l’ancien collaborateur du chef de l’État, qui avance une deuxième explication à cette lutte à mort. Son nom de code : « Mission 2016 ».
Boni Yayi l’assure : « Je ne veux pas prolonger mon règne, je l’ai dit au pape, à Nicolas Sarkozy et à François Hollande. » Mais il ne convainc pas. En mars dernier, un projet de réforme constitutionnelle a été déposé à l’Assemblée nationale. Officiellement, il n’est question que de référendum, de Cour des comptes et de transparence électorale. « À aucun moment il ne s’agissait de toucher à la limitation du nombre de mandats présidentiels », a expliqué le chef de l’État.
« Rien n’empêchait un député zélé de déposer un amendement en ce sens », rétorque un constitutionnaliste béninois. Quoi qu’il en soit, ce scénario est resté dans les cartons. Une quinzaine de parlementaires, pourtant de la majorité, ont fait obstacle au projet. « Ils étaient activés par Talon », estime un fin connaisseur du marigot béninois. « Cela prend des proportions énormes et je réfute toutes ces accusations », nous a déclaré, au téléphone depuis Paris, Patrice Talon alors que nous mettions sous presse. Promettant d’en dire plus après avis de ses avocats...
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